J'ai entendu dire qu'à toutes choses il y a des explications. Qu'à la déchéance, il y a des fautes. J'ai entendu dire que la Vie aurait comme complément la Mort, et au fils des années, j'ai entendu dire bien des choses. Rumeurs. Foutaises. Certaines choses sont dénudées d'explications. À commencer par la destruction. ~

↕ Au commencement... parce qu'il y a toujours une naissance ↕

Les années 1000. 1315 exactement. Un enfant abandonné sur les marches d'une maison qui avait plus d'allure que beaucoup d'autres. Des nobles. Une jeune femme habituée convenablement, à cette époque, ouvrit la porte de cette maison et en descendit les marches, une expression horrifiée sur le visage. Il était impossible de ne pas savoir ce qu'elle se disait, son visage parlait pour elle : comment peut-on abandonné un enfant comme ça ? Si la mère avait été là, elle lui aurait dit : «Quand on sait que cet enfant n'est pas le nôtre, et quand il n'était rien d'autre que le résultat d'un viol.» Les yeux fermés, le bébé ne semblait point différent des autres. Elle le prit doucement et le rentra dans la maison, débattant avec son mari pour le garder. Ils étaient infertiles, et la religion les enjoignait à procréer, alors pourquoi ne pas garder cet enfant qui n'avait point de famille ? Ils se posèrent devant le bébé qui semblait dormir paisiblement, dans une couverture en fourrure. Le mari promit qu'on garderait l'enfant quoi qu'il arrive.

[J'ai retiré une partie parce que j'ai complètement oublié si l'anomalie, si on peut dire, physique d'un sorcier - bébé - était visible par des simples Terrestres. :rip: Help ? ]


↕ Toute civilisation évolue, même les Terrestres. Surtout les Terrestres. ↕

Excidium, qui s'était rebaptisé Excidy, vivait maintenant dans une maison modeste, malgré un bon moment d'argent, pour ne pas attirer l'attention sûrement. Le Moyen-Âge avait cédé sa place à l'époque moderne, comme on peut l'appeler, avec des civilisations répugnant à laisser la science prendre de l'ampleur, des débats religieux. Plusieurs trucs Terrestres desquels Excidy s'écartait. Ce n'était qu'une centaine d'années plus tard. Plus précisément deux cents ans plus tard, en 1633. Il était un simple apothicaire, s'étant intéressé de près aux plantes, et aussi.. aux livres de sortilège qu'il pouvait trouver et échanger contre des services au sein même du Monde Obscur. Il ne lui était pas difficile d'user de charmes pour que son apparence physique semble être conforme aux normes Terrestres et son réseau d'informations du Monde Obscur lui permettait de rester informé. Il ne cherchait pas à vendre ses services à l'Enclave, mais ne cherchait pas non plus à contrarier les Nephilims. Excidy paraissait, aux êtres humains le croisant dans la rue, les Terrestres bien entendu, être un homme bien vêtu, dans la vingtaine, un peu perdu et pourtant charmant. Sauf qu'il ne s'adressait que peu aux Terrestres, sauf lorsque ceux-ci venaient dans sa boutique, ou encore lorsque certaines venaient directement cogner chez lui, sachant par on ne sait quel moyen, ce qu'était Excidy. Souvent, ceux-ci attendaient quelque chose du sorcier, mais peu avaient les moyens de le payer.

On m'a dit qu'il fallait tenter de se fondre dans le décor, alors j'ai toujours fait ce qui me semblait le mieux, m'effacer pour paraître être moi-même un terrestre, même si l'Enclave a toujours pu me retrouver. On m'a dit qu'il fallait oublier, mais cette fois, je n'ai pas su faire, et j'ai écrit pour me souvenir, parce que sans écriture, on a tendance à oublier le passé. Or, le passé fait partie de tout être, Créature Obscure, Enfant de l'Ange ou encore vulgaire Terrestre. Au final, on m'a dit bien des choses, mais je n'ai pas forcément écouté.

1815 - Il a entendu parler du fait que les Créatures Obscures étaient maintenant sous la protection de la Loi, elles aussi. Ou du moins, ce n'était qu'une promesse. Excidy ne faisait point confiance aux promesses, finalement. Ça ne marqua donc point son année. Ce qui marqua cette année, ce fut cette personne sortit de nulle part, arrivant dans sa pharmacie, parce que les pharmacies remplacèrent les apothicaires, comme par hasard. Ses cheveux blonds, ses yeux bleus, tout en  elle transpirait la fragilité et pourtant, il demeurait évident que ce n'était qu'un charme pour attraper les bêtes les plus fourbes : des traits noirs étaient visibles à certains endroits qui n'étaient points cachés. Une Enfant de l'Ange. Une Nephilim ou encore une chasseuse de démons. Pour le sorcier, elle était magnifique. Son image ne cessait de s'imprimer dans son esprit, sous ses paupières. Et puis, on dit bien que le monde est petit. À partir de ce jour, il lui arriva souvent de la croiser dans les rues de France, et il ne pouvait point s'empêcher de s'arrêter de marcher, et son regard de se fixer sur la femme qu'il devinait dans la vingtaine. Une Chasseuse d'Ombre, était-il fou ? Une telle union ne pouvait qu'être méprisée. Et sans doute qu'elle-même ne voyait point une telle union se former. Après tout, les Créatures Obscures étaient méprisées par ces enfants de l'Ange, peut-être même davantage les Enfants de Lilith, parce qu'ils provenaient de l'union de ce que les Nephilims combattaient avec ferveur. Pourtant... sans même qu'il ne comprenne pourquoi, cette femme revint plusieurs fois à la pharmacie, avec de drôles de prétextes. Elle était une enfant de l'Ange, elle pouvait donc se guérir avec une rune, pourquoi acheter divers médicaments servant aux Terrestres ? Cette question en souleva une autre : quelle était la raison de sa première visite ? Il commençait sérieusement à se le demander. Il prit, un jour, le risque même de s'approcher d'elle et de lui demander, bien sûr lorsque nul Terrestre ne se trouvait autour d'eux deux. « Pourquoi viens-tu ici, Nephilim ? » Excidy n'avait pas pu empêcher sa voix d'être désagréable, légèrement froide et mesquine. Était-elle venue rien que pour le voir se ridiculiser ? Il passa, nerveusement, sa main dans ses cheveux. « Une simple visite.. »  Voix douce. Voix hésitante. Voix qui disait clairement que tout n'était pas dit. Il haussa les épaules, geste qu'il aurait voulu plus nonchalant et détendu que ça, avant de tourner les talons et retourner dans sa boutique. Elle ne devrait pas revenir. Elle n'avait pas à revenir. Comment pouvait-il seulement espérer qu'elle revienne ? Il leva les yeux au ciel et soupira, tentant juste de se calmer avant d'enflammer la pharmacie.
UC